Etienne Krähenbühl ou la métaphore du temps

par Nafsika Guerry-Karamaounas
6 février 2020

Artiste suisse, Etienne Krähenbühl expose ses sculptures à la galerie Rosa Turetsky.

Etienne Krähenbul est l’un des grands artistes suisses dont le matériau de prédilection est le métal. La plupart de ses sculptures sont vouées à être exposées en extérieur.

Ce qu’il y a de très beau dans le fer, c’est que dès qu’on a fait l’objet, lui ne cherche qu’une chose, c’est de redevenir poussière et oxyde. Étienne Krähenbühl

Krähenbühl se forme à l’école des Beaux Arts de Lausanne. En 1997, il acquiert de grandes connaissances et les parfait durant seize années, en collaborant avec Rolf Gotthard, professeur à l’Ecole polytechnique de Lausanne et spécialiste en alliages particuliers à mémoire de forme et en métaux super élastiques.

 ©GalerieRosaTuretsky

Dans l’œuvre de Etienne Krähenbühl, le métal est révélé sous toutes ses formes, tantôt martelé, tantôt lisse. Parfois monumental, parfois fragile. C’est une ode au temps qu’il propose à travers ses sculptures. 

Le métal ne reste jamais bien longtemps tel qu’il est proposé par l’artiste. Le métal vit, s’oxyde, évolue, se transforme.

Colonne Mobile aux 11 lames, 2020, fer patiné, acier inoxydable, nickel titane, 165 x 35 x 35 cm,  ©GalerieRosaTuretsky

Chaque oeuvre est littéralement comme une empreinte  - l’empreinte d’un artiste, la mémoire de l’homme dans un sens plus large et dans un moment présent.

Par ailleurs, le sculpteur intègre deux autres dimensions essentielles à ses oeuvres autre que l’action de créer. Deux actions inhérentes qui font de ces œuvres, des œuvres finalement, à jamais inachevées. 

Au Fil de l’O, 2018, acier corrodé, fer, nickel-titane, 65 x 220 cm,  ©GalerieRosaTuretsky

La première est le visiteur, celui-ci participe de sa création ou plutôt de sa transformation car le toucher est très souvent autorisé et apprécié. 

La seconde est la nature, les éléments naturels tels que le vent, la pluie, le soleil, la chaleur, les vibrations de la terre…

En touchant l’œuvre, chaque visiteur y laisse une empreinte, celle-ci est rendue visible avec le temps. 

En se confrontant aux aléas de la nature, les sculptures « vieillissent », changent. 

De ce fait, les sculptures de Krähenbühl s’inscrivent on ne peut plus dans le présent. Les sculptures sont, car elles subissent le temps de façon directe. 

Carapace III, 2016, liège, fer, NiTi, 75 x 120 x 80 cm, ©GalerieRosaTuretsky

Dans sa série Carapaces, l’idée de mettre en avant une fragilité d’apparence robuste est plus que jamais défendue puisque Etienne Krähenbühl s’inspire pour cette création des Métamorphoses de Kafka. Tout comme le protagoniste, le matériau d’apparence fort, rigide est d’une éphémérité absolue puisque exposé au temps il ne cesse de se mouvoir, de se déliter. Il tend à redevenir ce qu’il était : poussière. 

Il y a donc une dimension très humaniste, de monde dans son ensemble chez Etienne Krähenbühl.

Notre Terre II, 2019, fer patiné, nickel et titane, ©GalerieRosaTuretsky

Etienne Krähenbühl est né en 1953 à La Sarraz.

Il étudie à l’école des Beaux-Arts de Lausanne. 

Depuis les années 70, il expose un peu partout en Europe et principalement en Suisse.

En 2009, il reçoit le prix de la Fondation Édouard Maurice Sandoz.

Aujourd’hui son atelier est situé sur l’ancien site de production de Leclanché.

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