Hans Josephsohn

Josephsohn vu par Albert Oehlen MAM

L'Art A Genève
12 octobre 2024

À l’occasion de la première rétrospective en France dédiée au sculpteur suisse Hans Josephsohn (1920-2012), le Musée d’Art Moderne de Paris a confié le commissariat à Albert Oehlen, qui propose une exploration libre de l’œuvre de l’artiste. 

Né en 1954, Albert Oehlen est un acteur clé du renouveau de la peinture allemande des années 1980. Le Musée d’Art Moderne lui a déjà consacré une exposition en 2009. Admirateur du travail de Hans Josephsohn, Oehlen a découvert son œuvre au Kesselhaus Josephsohn à Saint-Gall, où il réside. Ce lieu, consacré aux créations du sculpteur, fait office à la fois d’espace d’exposition et de conservation, et c’est de là que provient l’essentiel des sculptures prêtées pour cette rétrospective. En questionnant le processus créatif de Josephsohn — la relation à la matière, l’importance du geste, l’attention aux détails et la quête incessante — en écho à ses propres recherches, Albert Oehlen propose une approche artistique vivante et immersive de ces sculptures. L’œuvre de Hans Josephsohn fascine de nombreux artistes par la force de son langage plastique. Parmi ses premiers soutiens figurent Peter Fischli et David Weiss, tandis qu’en 2007, Ugo Rondinone a exposé plusieurs de ses nus couchés au Palais de Tokyo dans l’exposition “The Third Mind”.

Hans Josephsohn

L’œuvre de Josephsohn puise son intensité dans une vie marquée par les bouleversements de l’Histoire et une vocation qui le retient dans son atelier pendant plus de soixante ans. Né en 1920 à Königsberg, alors située en Prusse orientale (aujourd’hui Kaliningrad en Russie), Hans Josephsohn grandit dans les années 1930 au sein d’une famille juive. Témoin direct de la montée du nazisme et des persécutions, il reste profondément marqué par ce traumatisme tout au long de sa vie. Passionné très jeune par la sculpture, il se voit refuser l’accès à une école d’art en raison de ses origines. En 1938, il reçoit une bourse pour étudier à Florence, mais l’instauration des lois raciales à l’automne de cette même année le force à fuir précipitamment l’Italie.

Hans Josephsohn

Après son arrivée en Suisse, Josephsohn s’installe à Zurich, où il vivra jusqu’à son décès en 2012. Peu après son installation, il bénéficie du soutien du sculpteur suisse Otto Müller (1905-1993), qui l’accueille dans son atelier. Les années de guerre sont difficiles et Josephsohn est brièvement interné dans un camp de réfugiés. La sculpture reste néanmoins son refuge. En 1943, il établit son premier atelier, où il travaillera sans relâche par la suite. L’atelier devient son espace privilégié, un lieu de dialogues intérieurs avec ses créations et de relations fluctuantes avec ses modèles. Considéré en Suisse comme l’un des plus grands artistes de l’après-guerre, il reste longtemps méconnu à l’international. Cependant, des rencontres décisives lui permettent, à partir des années 2000, d’acquérir une reconnaissance croissante. En 2002, le Stedelijk Museum d’Amsterdam lui consacre la première rétrospective en dehors de la Suisse et de l’Allemagne.

Hans Josephsohn

Josephsohn concentre ses recherches artistiques sur la représentation de la figure humaine, principalement féminine, qu’il décline sous différentes formes : têtes, bustes, figures debout, assises ou allongées, souvent en grand format. Le plâtre est le matériau privilégié de Josephsohn, bien qu’il soit parfois fondu en bronze et plus fréquemment en laiton. Parallèlement, il crée des reliefs de diverses tailles, qui se distinguent des figures hiératiques par leur caractère narratif. Ces reliefs mettent en scène deux ou trois personnages dans des saynètes, intégrés dans une architecture à peine esquissée. Ils rappellent la richesse de la sculpture romane, étroitement liée à l’architecture, un style pour lequel Josephsohn avait une affection particulière. 

Son travail acquiert depuis les années 2000 une renommée internationale, dont témoignent les nombreuses expositions qui lui sont alors consacrées à l’étranger. Hans Josephsohn est aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants sculpteurs de son temps.

Hans Josephsohn

Un catalogue accompagne l'exposition Josephsohn vu par Albert Oehlen

Catalogue de l’exposition :
Un catalogue dirigé par Cornelius Tittel, rédacteur en chef de Blau International accompagne l’exposition et deux films complètent le parcours. Étayant le point de vue d’Albert Oehlen, une série d’entretiens menés par Cornelius Tittel donne la parole à des artistes de la scène contemporaine admirateurs de Hans Josephsohn. Un film historique, daté de 1977, du cinéaste suisse Jürg Hassler, livre une approche plus intime du sculpteur. 

L’exposition a été conçue en collaboration avec le Kesselhaus Josephsohn de Saint-Gall, Suisse.

Commissaire artistique :
Albert Oehlen, artiste 

Commissaires : 
Jessica Castex, commissaire d’exposition au Musée d’Art Moderne de Paris
Cornelius Tittel, rédacteur en chef de Blau International.

 

Crédits photos :

1. Sans titre - 1990 Laiton - Kesselhaus Josephsohn Saint-Gall © Josephsohn Estate and Kesselhaus / Photo : Katalin Deér, Kesselhaus Josephsohn

2. Atelier de Hans Josephsohn - 2006 / Photo © Katalin Deér, Kesselhaus Josephsohn

3. Kesselhaus Josephsohn - 2018 / Photo © Katalin Deér, Kesselhaus Josephsohn

4. Hans Josephsohn dans son atelier / 2004 - Photo © Katalin Deér, Kesselhaus

 

Pratique : 

Du  au 

11 Avenue du Président Wilson – 75116 Paris  

Ouvert du mardi au dimanche : de 10h à 18h – Nocturne le jeudi jusqu'à 21h30

  • Plein tarif: 12€
  • Tarif réduit : 10€
  • Gratuit : -18 ans