Simon Studer

Simon Studer

Vanna Karamaounas
10 septembre 2024

Simon Studer, conseiller en art, a également organisé d’importantes expositions de Nicolas de Staël, d’Alberto Giacometti ainsi que d’Alexander Calder pour des musées et des institutions culturelles en Italie, en Norvège, en Suisse et aux Etats-Unis.

Comment décrivez-vous votre activité 

Je suis marchand d’art moderne et contemporain. Je n’ai pas de galerie et n’ai pas pignon sur rue mais je montre des œuvres dans un espace privé et domestique qui possède une salle d’exposition. Les visites se font sur rendez-vous.

Quelle est la différence entre un marchand d’art et un conseiller en art ? 

Un conseiller en art travaille sur la base d’honoraires et effectue un travail de fond et de recherche sur des œuvres. Il est souvent attaché à un ou plusieurs collectionneurs. Un marchand d’art peut aussi aussi faire office de conseiller, cela dépend des demandes de ses clients. Il travaille donc sur base d’honoraires dans ce cas de figure. Mais il fait surtout de l’achat / vente d’œuvres d’art soit sur base de commission lors de vente à des tiers, soit sous forme d’achats pour son propre stock.

Comment conseillez-vous vos clients dans le choix des œuvres qu’ils achètent et dans celles qu’ils vendent ?

Difficile d’avoir une seule réponse à cette question : chaque personne à des attentes différentes en fonction de ses connaissances en histoire de l’art et / ou du marché. Mais j’essaie de toujours privilégier la qualité sur tout autre critère afin de garder un niveau de collection élevé, quel que soit le domaine de collection ou le budget.

Quels sont les critères pour évaluer la valeur d’un tableau ?

C’est un exercice complexe et qui prend un peu de temps. On vérifie l’importance et la cote de l’artiste, sa renommée dans le monde des institutions tels que musées ou fonds d’art, mais aussi dans le marché des ventes publiques et privées, des collectionneurs. On vérifie l’intérêt particulier de la composition, de la date de création de l’œuvre, de son importance dans le corpus de l’artiste, de son état de conservation. Il faut en vérifier l’authenticité, son inclusion dans le catalogue raisonné, obtenir un certificat d’authenticité le cas échéant. Il faut s’astreindre à effectuer des recherches sur la provenance de l’œuvre, s’assurer qu’elle n’a pas été dérobée à un moment ou à un autre de son histoire, en particulier dans la période critique de la Deuxième Guerre Mondiale. Mais aussi vérifier et lister les éventuelles expositions dans lesquelles l’œuvre aurait été montrée, et compiler la bibliographie dans laquelle elle aurait été publiée. 

Quelles périodes – mouvements intéressent les collectionneurs aujourd’hui ? 

L’art contemporain est très en vogue. L’art moderne cependant garde un intérêt tout particulier auprès de collectionneurs avertis.

Y a-t-il une mode (auprès du grand public) aujourd’hui qui plaise davantage, un médium ?

Aujourd’hui, au vu de la situation internationale, la couleur est apaisante et communique une joie de vivre et une exubérance que l’on essaie de conserver.

Comment voyez-vous l’impact numérique et celui des NFT sur le marché de l’art traditionnel ?

Je n’ai aucune compétence dans ce domaine.

Quel(s) artiste(s) contemporain(s) a (ont) gagné en notoriété rapidement ?

C’est un marché spéculatif que je ne suis pas. J’essaie de maintenir une certaine distance avec les modes. Cependant les œuvres de femmes artistes sont très en vogue actuellement. On les « découvre» , ce qui n’est pas tout à fait faux car elles ont très souvent été dans l’ombre masculine de leurs collègues. C’est une tendance absolument cruciale et justifiée.

Votre analyse du marché de l’art en 2024 ?

Les tensions politiques, militaires et économiques influent sur nos esprits et le marché de l’art est très tendu actuellement. En ce qui me concerne le premier semestre a été plus positif que prévu.

Être marchand d’art à Genève présente-t-il des avantages et des atouts que d’autres villes n’auraient pas ?

J’ai fait toute ma « carrière » à Genève, m’attachant principalement à conseiller des collectionneurs de la région. Genève s’est beaucoup ouverte à l’art moderne et contemporain, surtout depuis la création du Mamco et du Centre d’Art Contemporain, mais aussi grâce aux associations d’amis qui ont soutenu ces institutions. Cela donne un terreau favorable à l’esprit de découvertes artistiques. Mais les collectionneurs voyagent aussi beaucoup et s’approvisionnent à l’étranger. C’est donc un marché difficile, de longue haleine. Mais avec de la conviction et de la patience on arrive à des résultats encourageants.

Une affaire particulière qui vous serait arrivée ?

Je vous les relaterai volontiers de vive-voix !

Un dernier coup de cœur ?

L’excellent travail effectué par L’Art à Genève

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/simon-studer-art-associes