Gutmans Gallery – Kelly de Geer – photographie AI
Kelly de Geer, née à Genève en 1994, est diplômée de la School of Visual Arts à New York. Sa première exposition personnelle, des photographies réalisées grâce à l'AI, est à découvrir à la Gutmans Gallery à Genève.
Gutmans Gallery – Kelly de Geer – photographie AI : Pourquoi l’intelligence artificielle plutôt que la photographie ?
Je ne cesserai jamais de pratiquer la photographie, au contraire, mais je considère l'intelligence artificielle comme un outil supplémentaire, une extension de ma pratique en tant que photographe. Elle me permet d'accentuer mes idées et ma direction artistique à un tout autre niveau, sans limites, ce qui me permet de créer un univers proche de mon esthétique et également avec un côté déjanté qui me plaît énormément.
Quel est le processus de création d’une image avec l’AI ?
En général, la création d'une image avec l'IA se fait à l'aide de ce qu'on appelle des "prompts". Pour ma part, j'utilise MidJourney. Lorsque je réalise des images, je le fais de manière plutôt spontanée. Je pars avec une idée visuelle en tête, puis je travaille progressivement avec les résultats que le programme me donne. Ce processus peut prendre des heures, des semaines ou un instant, selon le moment où je considère que j'ai atteint une série satisfaisante qui correspond à mon esthétique. Ensuite, je passe à la sélection finale des images, ce qui implique de choisir celles qui reflètent le mieux ma vision et mon style. Pour finir, je réalise les retouches nécessaires, en utilisant les mêmes techniques que pour mes photos prises avec un appareil photo traditionnel et mes programmes de post-production habituels. Je suis constamment en apprentissage pour améliorer ma communication avec l'IA, afin d'étendre ma créativité et de mieux maîtriser ce medium en pleine évolution.
Où puisez-vous votre inspiration ?
Je m'inspire énormément de certains réalisateurs, photographes et autres artistes que j'admire, tels que Tim Burton, Irving Penn, William Eggleston, Thomas Newman, pour n'en citer que quelques-uns. Je remarque également que ces mêmes sources d'inspiration sont présentes depuis mon enfance, entre musique, photographie et cinéma, et j'apprécie de conserver un aspect enfantin et humoristique dans mon travail. Tout en essayant de rester fidèle et personnel à mes expériences de vie.
Comment la narration de l’IA s’émancipe de votre imaginaire dans ce processus de codage ?
Un peu similaire à mon processus de création. Je pars avec une idée en tête : un style de photographie, un lieu, une époque ou autre, et à partir de là, je travaille "avec" l'IA. Je regarde ce qui me plaît, ce qui résonne avec moi, et ce que je peux modifier en cours de création avec le programme. Par la suite, il faut pouvoir présenter le travail final avec une certaine cohésion, et c'est au cerveau humain de prendre la décision finale et d'estimer que le projet est représentatif de quelque chose de créatif.
Est-ce que votre expression artistique est complètement détachée de la matière ou pas ?
Cette forme d'expression artistique que je découvre est totalement nouvelle pour moi. Je pars d'une idée déjà complexe et je parviens à la rendre encore plus irréelle et inattendue grâce à l'utilisation d'un programme d'intelligence artificielle. C'est vraiment une approche de travail différente, car elle implique une collaboration avec l'intelligence artificielle qui interprète nos descriptifs pour générer des images. Ainsi, cela devient une forme d'expression artistique en partenariat avec l'IA.
Avec l’infinie possibilité de ce programme informatique, qu’est-ce qui vous arrête pour le produit final, l’œuvre ?
Une sensation de satisfaction émerge une fois que j'obtiens le résultat final. Bien qu'il soit possible de passer des heures à générer des images à l'infini, comme je l'ai mentionné précédemment, il est important pour moi de travailler sur une série et de créer une sorte d'histoire dans ma tête. Lorsque je sens que l'histoire est complète, que les personnages ont acquis une certaine identité et que je ressens une émotion particulière en regardant les images, je décide de m'arrêter et de passer à autre chose. Ce processus est assez drastique et très spontané, en résonance avec mes émotions.
Quelles sont les limites de l’IA ?
Pour le moment, je ne vois aucune limite, du moins en ce qui concerne le côté créatif de l’intelligence artificielle, car c’est ce domaine qui m'intéresse particulièrement. Je cherche constamment à mettre les programmes que j'utilise au défi et à examiner les aspects éthiques qui ne sont pas toujours positifs. Cependant, ces programmes évoluent constamment et j'espère maintenir des résultats inclusifs et sensibles aux normes sociétales.
Pensez-vous que l’IA va changer notre société ?
Je ne pense pas que l’IA va prendre le dessus et contrôler le monde. Je comprends que cela puisse être quelque peu inquiétant pour certains, mais seulement parce que cela avance à une vitesse à laquelle nous ne sommes pas habitués. Comme pour les machines à écrire, internet, Photoshop ou autre, il faut s’adapter et l’utiliser avec de bonnes intentions. Cependant, cela restera un sujet de débat et une source d'inquiétude très certainement. Pour ce qui est du côté créatif, je me réjouis et je pense que cela ne peut que stimuler notre créativité, ce qui est excitant.
En tant qu’artiste travaillant avec l’IA, vous intéressez-vous aux enjeux liés aux droits d’auteurs ?
Absolument. Je suis d’ailleurs très curieuse de voir comment cela va évoluer, et je remarque que les lois varient selon les pays. Une fois de plus, c’est un médium qui évolue très rapidement et les questions liées aux droits d'auteur restent assez floues pour le moment, j'ai l’impression. Il est effectivement nécessaire que l’œuvre puisse se démarquer et se défendre en tant que quelque chose de différent, et non comme une simple reproduction d’une autre œuvre.
Quels nouveaux horizons s’ouvrent à nous avec cette technologie ?
Plus de créativité. Rien qu'avec l'annonce de 'Sora', ce nouveau modèle de création vidéo IA sur Open AI, qui est très impressionnant et prometteur d'après ce que j'ai pu percevoir. J'ai hâte de pouvoir enfin le tester.
Votre prochain projet ?
Je suis ravie de partager que ma représentation par la galerie Gutmans Gallery a débuté en 2023, et nous avons plusieurs événements passionnants à venir ensemble dans les prochains mois ! Actuellement, nous avons en cours une exposition intitulée "Kelly de Geer: Intelligence Artificielle", qui se poursuivra jusqu’au 28 mars 2024. Cette exposition, réalisée en partenariat avec l’étude O.A. Legal, est accessible sur rendez-vous à 1 Pl. de Longemalle. De plus, je présenterai mon travail lors d'une conférence le 2 mai au Centre d’Art Contemporain à Genève, dans le cadre des conférences sur l’art digital organisées par l’association The Good Token Society. Avec Gutmans Gallery, je participerai également à deux salons d'art cet été, entre Londres et la Suisse, ainsi qu'à une autre exposition mixte à Genève au mois de mai. Nous partagerons les détails prochainement!
Quant à mes projets personnels futurs, j'aimerais expérimenter avec la vidéo IA et pousser encore plus loin les limites du médium en le combinant avec d'autres formes artistiques telles que la photographie, les collages, le papier, l'aluminium, et d'autres encore. Un travail en constante évolution. Je suis également fière de partager que nous avons lancé notre agence de production et de direction artistique en photographie et vidéo avec ma partenaire Tatiana Mégevand. Je vous invite à nous découvrir sur www.ketamgmt.ch
Pratique :
https://www.artageneve.com/lieu/galeries/gutmans-gallery
Gutmans Gallery présente les œuvres de Kelly de Geer «Artificial Intelligence », artiste suisse-américaine mêlant influences photographiques à l'intelligence artificielle. Résultat: créations uniques, à la fois surréalistes et singulières.
Sur rendez-vous uniquement.
Appelez le +41(0)77 458 01 02 ou contactez info [at] gutmansgallery.com pour visiter – jusqu'au 28 mars 2024.
Lieu : OA Legal, 1 Place de Longemalle