Caroline Sorger Face to Face

A la galerie Humanit’Art ce sont 139 œuvres de Caroline Sorger qui sont exposées. L’artiste a mis deux longues années à préparer cette exposition. 

« J'ai mis au moins deux ans pour préparer l’exposition. Malheureusement, comme vous le savez, elle a dû fermer le lendemain de son vernissage. Aujourd'hui, j'ai de la chance qu'elle ait pu rouvrir! » Caroline Sorger

Les œuvres regroupées représentent principalement des visages. 

Dans le communiqué de presse de l’exposition, l’artiste choisit un passage de Rainer Maria Rilke qui parle du visage « il y a beaucoup de monde, mais encore plus de visages car chacun en a plusieurs». 

Ce sont en effet, plusieurs visages, uniquement des visages qui sont découverts ici. Un visage à l’état pur, les contours, les yeux, la bouche. L’émotion y est quasi neutre et agit comme un miroir. Il renvoie à l’émotion du regardeur, à son propre visage – à son état.

Il y a une certaine naïveté dans les peintures, révélée par les couleurs, par la simplicité des formes, par la douceur du geste. Cette naïveté rappelle les premières représentations humaines de l’art pariétal, rares et pour le moins schématiques – peu de détails, d’attraits physiques, et encore moins de distinctions.

Cette naïveté s’impose aussi comme un paradoxe : l’être est fixé, mais le visage semble évanescent. Ce paradoxe est la confession même du mystère qu’évoque le visage érigé ici presque au symbole. L’évanescence dont ils sont tous ici le reflet revoie d’une certaine manière à la mort. 

Caroline Sorger a déjà abordé cette thématique dans ses peintures par le passé, avec la série, « Chemins de vie » exposée aux HUG de Genève (lauréate du concours d’art intégré pour les hôpitaux genevois). On retrouve quelque chose de multiple : multiplicité de vies, multiplicité de visages. La vie n’est pas un long fleuve tranquille et chacun l’aborde d’une manière différente à un moment donné avec ses propres capacités avec son visage extérieur et intérieur.

Ici le visage est comme une empreinte, une empreinte de l’humanité. Mais lorsque le face à face entre peinture et regardeur opère, alors le visage questionne : D’où venons nous ? Qui sommes nous ? Que laisserons-nous ?

Il y a également tous les titres choisis, très significatifs. Ils renforcent eux aussi le paradoxe, car ils relèvent de quelque chose de l’ordre du profond, de l’intime ; Souvenir d’enfance, A mi-chemin, Le monde dans mes yeux, exemplaire*. Autant de mots clefs qui renvoient aux différentes étapes de la vie, aux angoisses, aux chemins empruntés de tout un chacun. 

Avec ces visages, que le visiteur regarde comme il se verrait devant un miroir essayant successivement différents masques, Caroline Sorger interroge et invite à se plonger soi-même dans une intimité que l’on oublie trop souvent, faute de temps. Le temps fait bien les choses… Quel visage choisirez-vous demain ?

*Traduit de l’allemand

Caroline Sorger

1963 naissance à Freiburg en Breisgau, Allemagne.

1988 diplôme de l'académie des Beaux-Arts de Genève 

Depuis 1986, trente expositions personnelles dans des galeries en Suisse et à l’étranger 

1986-1997 enseignante d’art à l’Ecole Internationale de Genève 

1990 « selection fourty artists worldwide », pyramid gallery, New-York 

1998 fondation à genève de l’école d’arts plastiques « clair de lune » 

2002 commissaire du Fonds Cantonal d’Art Contemporain, Genève / FCAC

1998 lauréate de la bourse d'aide à l'illustration du livre de la ville de Genève 

2004 réalisation d’art intégré « facettes de vie », à hôpital des enfants, Genève 

Pratique

Galerie Humanit'Art 14 rue du Diorama 1205 Genève.

Caroline Sorger sera présente à la galerie les vendredis et samedis après-midis jusqu’au 27 juin 2020 (finissage).

Sauf le vendredi 12 et samedi 13 juin 2020.