Walter Schmid ©AAG

Walter Schmid

Joseph Charles Farine
13 avril 2023

Walter Schmid expose pour la 6ème fois à Andata Ritorno, laboratoire d’art contemporain à Genève. Après les séries des boxeurs, des rhinocéros, des grues, des trucks, ce sont les geôles de Thanatos qui sont à l’honneur sur les murs de la galerie. Des peintures format XXL en noir et blanc que Joseph Farine, directeur de la galerie défend. 

Peindre par fureur plutôt que se taire 

Le langage métaphorique sur la blessure et la souffrance est l’expérience de la cruauté qu’il nous faut connaître comme limite de l’existence.          

François Cheval (à propos de Daniel Pommereulle)

Walter Schmid ©AAG

ll est des artistes porteurs de suprême lucidité qui savent nous annoncer « les tremblements de terre, les épidémies, les famines, les guerres, le grondement des canons » pour reprendre les termes d’Antonin Artaud dans sa conférence prémonitoire de 1936, à Mexico City, intitulée Anarchisme et société. Il est des artistes dont la voyance est capable d’alerter avec (par exemple) les images et les mots, l’absurdité dont est capable l’espèce humaines à une époque donnée. 

Qu’est-ce qui fait peindre Walter Schmid sinon la rage face à la cruauté du monde ? Ces sévices il les fait siens et les compulse dans des séries aux thèmes évocateurs : la boxe, la prison, l’Iliade. Il les traduit chaque fois avec un lexique pictural précis, le choix de la sobriété du noir et blanc, la décision définitive d’un support pauvre : les bâches reconverties, qui deviennent alors le lieu d’une scénographie ou les pinceaux semblent avoir été brandis comme des armes face au drame pour « en relever la dimension nerveuse des démons ». Des images qui blessent peut-être mais aussi pour accrocher et retenir l’âme. 

La technique adoptée dramatise les effets d’ombres et de lumière dans une lutte au corps-à-corps avec les sujets choisis. Prenant sa revanche avec un monde régi par les rapports de force, il répond à cette agressivité latente par une peinture tenant d’une expressivité gestuelle subjective. 

Il y a dans la position picturale de Walter Schmid comme un effet de catharsis et de défense face à la puissance latente de la violence ambiante. 

Walter Schmid peint dans une sorte d’énergie défensive, sa peinture semble le champ de bataille symbolique d’une confrontation personnelle avec les éléments d'un désastre en attente et de tempête sournoise. L’individu pour subsister doit se créer des armes et la peinture chez cet artiste est acte de résistance. 

Joseph Charles Farine 

Walter Schmid ©AAG

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« J'ai eu peur en les peignant car je me mets à leur place ». Walter Schmid

 

Walter Schmid ©AAG

Joseph Farine Andata Ritorno ©AAG

Pratique : Andata Ritorno

du 13 avril au 6 mai 2023 : Walter Schmid – Les geôles de Thanatos

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/andataritorno

photos @AAG