Stefano Boccalini – La raison entre les mains

C’est lors d’une résidence artistique au Val Camonica dans la province italienne de Brescia en Italie que le regard de l’artiste milanais Stefano Boccalini a changé. Cette région est devenue même son point de repère. C’est de ses relations avec les diverses communautés, les jeunes, les institutions et les artisans que naît  La ragione nelle mani  – La raison entre les mains. La main est l’extension de la raison et de la pensée par son implication dans la création et, en particulier dans la création artisanale.

A Genève au 18^ème siècle, le philosophe Jean-Jacques Rousseau considère déjà le travail manuel important dans l’éducation pédagogique des jeunes. C’est presque naturellement à quelques mètres de la maison natale du philosophe genevois que Stefano Boccalini va investir avec son propre langage la Maison Tavel, musée d’histoire urbaine et de la vie quotidienne au cœur de la Vieille-Ville de Genève.

Ce projet instaure de nouvelles réflexions et de nouvelles formes entre la signification et la matière. L’artiste produit de la poésie à travers ses œuvres dont le sens dépasse celui transmis par les vocables. Puisés dans différentes langues, le choix par des enfants du Val Camonica s’est porté sur vingt mots intraduisibles, ensuite réalisés à travers des techniques manuelles traditionnelles tels la broderie, la vannerie, le tissage ou la sculpture sur bois.

Puis neuf mots ont été retenus par quelques Genevois qui les ont associés à leur ville et que l’on peut voir à la Maison Tavel dans cette exposition organisée par Adelina von Fürstenberg et soutenue par l’Etat italien. Un dialogue s’est alors installé entre les œuvres antérieures de l’artiste, significatives et annonciatrices de La ragione nelle mani  – La raison entre les mains et les œuvres « genevoises ».

Ces mots non traduisibles : ANSHIM, en coréen exprime avoir l’âme en paix. BALIKWAS, aux Philippines c’est abandonner sa zone de confort. DADIRRI est un mot de la langue aborigène australienne ngangiwumirr serait un parfait accord avec le présent. FRILUFTSLIV, en norvégien c’est une vision dénuée d’anthropocentrisme, une connexion véritable avec l’environnement. GURFA, en arabe c’est une unité de mesure, la quantité précieuse d’eau que l’on peut tenir dans la paume de la main. OHANA, à Hawaï ce mot rassemble la famille et les amis. ORENDA, ce mot des populations indigènes de Nord de l’Amérique huron et wyandot exprime la capacité de la volonté humaine de changer le monde. SISU, en Finlande est une sorte de courage quotidien, d’énergie, de détermination qui aide à affronter les défis de la vie. UBUNTU, nguni bantu, langue d’Afrique du Sud, est une expression qui indique la bienveillance envers notre prochain et le respect.

Stefano Boccalini place l’individu et les communautés au centre de ses recherches, avec en particulier le mot qui est l’acteur principal de son travail et par lequel il oppose la valeur économique à la valeur de ce qui est commun par un changement de statut. Il redéfinit le rapport entre l’art et l’artisanat.

Stefano Boccalini est né en 1963 à Milan. Diplômé en sculpture de la Nouvelle Académie des Beaux-Arts de Milan (NABA), ses œuvres font partie des collections du musée MuCEM de Marseille, du Museo del Novecento de Milan, de la Galerie d’Art Moderne et Contemporain de Bergame GAMeC.

L’exposition de Stefano Boccalini La ragione nelle mani  – La raison entre les mains est organisée sous le commissariat d’Adelina von Fürstenberg et réalisée en collaboration avec Art for the World Europe et grâce au soutien du Italian Council (VIII édition) et l’Etat italien ainsi que la Communauté de Montagne du Val Camonica.

Le catalogue de l’exposition est publié en italien et en anglais par Archive Books, Berlin. 

 

Pratique 

Entrée libre et sans réservation – Maison Tavel MAH – Jusqu'au au 27 juin 2021.

https://www.artageneve.com/lieu/musees-fondations/maison-tavel-mah