L'ordre n'a pas d'importance – MAH

Si l’ouverture officielle du musée conçu par Marc Camoletti date de 1910, les collections sont plus anciennes, remontant à l’ouverture publique d’un cabinet de curiosités par la République en 1702. Pour cette exposition réflexive, le MAH a sélectionné des moments scénographiques clés de son histoire et les présente dans ses salles palatines. 

« Les choix scénographiques effectués à certains moments déterminent un récit et influencent les émotions » 

Petit tour des lieux. La première salle évoque le parc de sculptures tel que le public le découvre en 1910 à l’inauguration du MAH. L’accent est mis ici sur la façon d’exposer la sculpture, sur des socles aux dimensions variées, parfois surprenantes. S’en suit une salle rappelant le cabinet de curiosité de 1702. Désignant à l’origine un meuble d’exposition, ce qu’on appelle « cabinet de curiosités » signifie dès le XVIIIe siècle un espace privé tenu par des amateurs érudits, destinés uniquement à quelques initiés éclairés. Les cabinets de curiosités regorgeaient alors de raretés dans des assemblages disparates, exposés côte à côte dans de vastes vitrines ou à même les murs ou les plafonds. La dernière salle montre, entre autres, les collections de pièces de monnaie, de médailles et d’émaux dans les vitrines conçues par Marc Camoletti, nous mettant dans la peau d’un visiteur en 1910. Puis un accrochage « à touche-touche » façon XIXe siècle rappelle l’époque où la quantité des œuvres exposées étalait la puissance  de leur propriétaire. Répondant à cet accrochage opulent, le parcours se termine avec la magnifique « Venus italica » isolée, par Antonio Canova, dont la présence est magnifiée par l’espace dépouillé qui lui est laissé. 

« Finalement, l'ordre a-t-il de l'importance ? » 

Outre les allusions immersives aux scénographies d’autrefois, l’exposition pose une réflexion sur la manière de transmettre les savoirs au public. En déambulant, le visiteur ou la visiteuse passe d’une œuvre sans cartel, volontairement décontextualisée, à une œuvre accompagnée d’un carnet façon XIXe siècle ou encore à un QR code. Ce sont là tous des éléments témoins de l’évolution de la médiation au sein du musée. Rappelons, et l’exposition le fait bien, que, comme la plupart des grands musées du XIXe siècle, le MAH avait à l’origine une mission formatrice pour les artistes et les artisans qui s’y rendaient pour observer les objets des grands maîtres. 

La question de l’ordre, portée par le titre, est explorée sur plusieurs plans, tant dans l’assemblage des objets, par type ou par couleur, dans un but esthétique ou didactique, que dans le sens de la visite même. L’objectif est de sensibiliser le public à l’influence de la scénographie et de la signalétique sur sa perception de l’objet. Quel est le rôle du texte dans la compréhension d’une œuvre ? Ressentons-nous la même chose lorsque l’on voit une sculpture posée au sol ou sur un socle ornementé ? Quelle impression dégage un foisonnement de pièces accumulées dans un meuble ancien ? Que dégage l’accrochage serré d’un ensemble de tableaux, plutôt que l’exposition d’une pièce esseulée?

Dans la droite ligne de la réflexion menée par le MAH sur son avenir, l'exposition « L'ordre n'a pas d'importance » invite le public à s’imprégner des choix muséographiques du passé pour porter un regard nouveau sur ceux d’aujourd’hui et imaginer ceux de demain.

 

Commissaire d'exposition :

Musée d’art et d’histoire de Genève

Prêteurs : 

Bibliothèque de Genève
Fonds municipal d'art contemporain de la Ville de Genève Hôpitaux universitaires de Genève
Musée Ariana, Genève
Museum d'histoire naturelle de Genève

Pratique :

Exposition : L’ordre n’a pas d’importance jusqu’au 29 octobre 2023

Musées d'art et d'histoire de Genève – MAH

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