Art Now Projects
Art Now Projects est représenté par Frédéric Elkaïm et Franck Landauer qui partagent la même passion pour l'art et l'envie d'entreprendre ensemble.
Quels sont vos parcours ?
Franck Landauer : Ingénieur en informatique, parti vivre en Asie du Sud Est et en Océanie dès la fin de mes études pendant plusieurs années. J’ai commencé à collectionner très tôt, ma mère étant artiste. Elle m’a initié à l’histoire de l’Art par touches et expériences immersives au Moyen Orient, Europe du Nord et Amériques. Avec les années, mes choix de collection ont été plus précis et je me suis rapproché des artistes vivants en les rencontrant et en les suivant. J’étais excité par la démystification du processus créatif. Cela m’a naturellement amené à donner un nouveau sens à ma vie en voulant devenir galeriste et promouvoir ce travail fascinant.
Frédéric Elkaïm : Depuis mon premier boulot, j’ai eu une double activité, avec d’un côté le travail « sérieux », et de l’autre les projets plus « personnels » qui m’ont toujours amenés vers la créativité et les artistes. Toujours dans l’art cependant, puisque j’étais Directeur de Drouot Formation à Paris, une école du marché de l’art, pendant plus de 10 ans. Je me suis installé à Genève depuis une douzaine d’années et je donne des cours sur l’art moderne et contemporain et sur le marché de l’art, je conseille des artistes, collectionneurs et entreprises à travers différentes structures… Mais la galerie, comme mes activités d’écriture en tant qu’auteur, comptent en réalité plus pour moi.
Le souvenir de votre rencontre ?
Franck Landauer : J’ai rencontré, il y a quelques années, Frédéric car je cherchais un professeur qui puisse classer ma connaissance et me guider dans mon approche de l’Art Contemporain, précisément après 1960. Cela me semblait confus et nébuleux. J’ai tout de suite été fasciné par le personnage jovial, sympathique et non moins passionnant, sérieux et pédagogue.
Frédéric Elkaïm : Oui dans une pizzeria de la place du Molard, il faisait froid, mais Franck, qui n’avait pas exactement le look « arty », et tant mieux, on sortait des codes, m’est tout de suite apparu comme une personne lumineuse, enthousiaste, ce qui compensait largement le côté hivernal et le sous-sol dans lequel on nous avait installés.
Quel a été le déclic de votre association ?
Franck Landauer : Depuis longtemps je réfléchissais à monter une galerie. J’en connais les difficultés : coûts d’exploitation, besoin de financement, marketing, etc. Pour l’aspect administratif, finance, régie technique et logistique, je me sentais à l’aise. M’associer avec Frédéric m’est apparu comme une évidence ! Dans le sens où il allait pouvoir valider les choix artistiques, être un curateur proche des artistes ; sans avoir à se soucier des aspects dont moi je le déchargeais. Je me suis senti en pleine confiance aussi parce que je constatais que souvent nos goûts étaient assez proches ou convergents.
Frédéric Elkaïm : J’aidais Franck à mieux saisir les enjeux de l’art contemporain, des galeries, du marché de l’art et de tous ces signes informels qui font que l’on peut entrer ou être rejeté par ce milieu très réservé… Je ne suis pas moi-même du sérail et je fuis un peu ces codifications hiérarchisantes, mais j’en ai parfaitement conscience et les observe avec beaucoup d’amusement, parfois un peu de tristesse, et toujours de la distance. J’ai même écrit un bouquin là-dessus « Savez-vous parler l’art contemporain ? ». Bref à force de discuter avec Franck de son désir de créer sa future galerie, nous en sommes venus à nous dire que nous avions tous les deux des profils et des compétences complémentaires. Lui en particulier avec son pragmatisme, son sens des affaires, son intelligence émotionnelle et fonctionnelle, pouvait m’aider à surmonter mes difficultés par rapport à la valeur économique versus la valeur artistique des oeuvres, ce qui m’a toujours gêné, tant cette relation est fausse et absurde dans la pratique. Bref, nous nous sommes dit que, finalement, puisque nous en avions envie chacun de notre côté depuis pas mal de temps, pourquoi ne pas nous associer ?
A quoi sert l’art, son but ?
Franck Landauer : L’Art, c’est le refuge où l’on peut s’abandonner à soi-même, dans ses réflexions et son rapport à l’humanité. Face à la dure réalité de la vie, la violence et la misérabilité de la condition humaine toujours placée sous contraintes multiples, alors l’Art est là, élégant et puissant. Il transmet les réflexions et les messages de générations en générations. S’il ne devait en rester qu’un, je suis convaincu qu’il sera de ceux-là.
Frédéric Elkaïm : C’est un moyen indispensable d’élargir son champ de perception et de compréhension du monde. Beaucoup d’artistes vous permettent, en développant leurs univers singuliers et cohérents, de toucher du doigt des vérités parallèles au « main stream ». Ça nous permet de rester critiques, notamment face au déferlement des images, et « in fine », d’être des citoyens conscients. Et puis il y a la poésie… rien ne peut remplacer la poésie de certaines œuvres, j’ai un besoin vital de cette sublimation-là…
Vous ouvrez un espace à Carouge en mai 2022 et qualifiez ArtNow d’espace d’expérimentation, comment ?
Franck Landauer : Il me paraissait important d’essayer de ne pas tomber dans le paradoxe d’un système qui se veut ouvert sur le Monde et la création, mais qui, finalement, présente toujours les mêmes artistes, de la même façon, en galerie ou en foire. C’est pourquoi nous avons mis un point d’honneur à essayer des choses nouvelles, être ouverts à des expérimentations et des rencontres artistiques auxquelles nous n’aurions pas pensé initialement. Je crois beaucoup à la force du hasard, aux bonnes étoiles… Par cet esprit d’ouverture je veux leur donner une voix dans notre galerie.
Frédéric Elkaïm : C’est l’idée de faire une galerie un peu à part. Géographiquement d’abord, en n’étant pas situés au cœur du quartier des bains, nous évitons les regards trop critiques de professionnels que je côtoie par ailleurs depuis longtemps, cela nous permet de faire une programmation sans tenir compte des « avis », donc de manière assez indépendante. Et c’est aussi le fait de pouvoir nous adapter à l’actualité ou aux rencontres avec des expositions parfois courtes, ou des formats différents, avec un côté événementiel pour rappeler que l’art est vivant et ouvert à tous, que ce n’est pas ce totem inatteignable, culturellement ou financièrement. C’est enfin, dans chaque exposition, concevoir un univers cohérent, une sorte d’installation, ce qui vu notre taille modeste et la grande vitrine, nous a vite paru indispensable.
Le courant artistique que vous préférez ?
Franck Landauer : Je suis trop curieux et j’aime trop de courants pour choisir. En plus, je déteste les classements, les best of ou autre, qui éradiquent tout ce qui n’est pas sélectionné… Je veux dire : Comment faire un classement entre les statuettes cycladiques, les œuvres symbolistes et Gutaï ? Tous sont riches de propos et d’intérêts. Vraiment, il m’est impossible de répondre.
Frédéric Elkaïm : J’aime beaucoup de mouvements, mais je peux citer l’Arte Povera, ce qui est à la fois politique, modeste et poétique…
Comment choisissez-vous vos artistes ?
Franck Landauer : Nos premiers artistes sont surtout des amis de Frédéric. Nous avons choisi, parmi eux, ceux pour lesquels nous avions tous les deux une admiration pour le travail, la personnalité et la volonté de vouloir les représenter. Pour le reste, comme je le disais avec notre esprit d’ouverture et notre bonne étoile, le choix se fait également au hasard des rencontres et des évènements auxquels nous participons.
Frédéric Elkaïm : Je représentais déjà quelques artistes pour lesquels j’étais conseiller, coach et/ou curateur et organisateur d’expositions. On est parti avec certains d’entre eux, il est toujours préférable de démarrer avec ceux que l’on connaît, et avec lesquels une véritable confiance s’est déjà mise en place. Après, ce sont les rencontres, on va dans les ateliers, on écoute aussi les projets de certains, ou on va les chercher parce qu’à un moment, par rapport à un concept d’exposition que nous avons, nous pensons qu’ils feront l’affaire.
Quelle sera la ligne que vous partagerez à la galerie ?
Franck Landauer : La ligne de la galerie a tout de suite été assez claire pour nous, ce sont les interstices de la réalité. C’est-à-dire tout travail artistique qui sublime la réalité par touche sensible, poétique.
Frédéric Elkaïm : Notre ligne est assez claire et simple : ce sont des artistes de niveau intermédiaire, que ce soit par rapport à la reconnaissance ou au marché, mais tous ont en commun le fait de chercher à exprimer une réalité sociale et émotionnelle parfois douloureuse, et de la sublimer par les moyens poétiques de leur art, quels que soient les mediums…
Un grand projet pour bientôt ?
Franck Landauer : Nous venons tout juste d’ouvrir, donc mon grand projet actuel, c’est surtout de rendre pérenne la galerie sans jamais dégrader la qualité du travail artistique présenté. Donc tous projets y contribuant en fera partie !
Frédéric Elkaïm : Tous nos projets sont à la fois modestes et grands !!! Mais il y a donc cette série de Duos, entre les expos personnelles plus longues, où nous sortirons un peu de nos habitudes. Des périodes courtes de 15 jours, de l’événement en direct avec un travail entre deux artistes, parfois même hors du champ de l’art contemporain stricto sensu, qui ont des choses à partager et qui feront des performances et des œuvres ensemble, et des moments où le public sera invité !!! Il faut que ça bouge en dehors des vernissages et que notre public sache qu’il se passe toujours quelque chose à la galerie !
Franck Landauer, Emmanuelle Michaux et Frédéric Elkaïm à la galerie Art Now Projects à Carouge, Genève.
https://www.artageneve.com/lieu/galeries/art-now-projects
Pratique : rue Ancienne 60 – 1227 Carouge – Genève