Pas besoin d'un dessin au MAH
Dans Pas besoin d’un dessin au MAH, la sensibilité et l’émotion suscités par l’œuvre d’art sont au centre de la manière d’aborder un tableau, une sculpture, une céramique, un costume, un meuble. Chefs-d’œuvres ou œuvres mineures sont regroupés par analogies visuelles et dialoguent ensemble.
Pas besoin d'un dessin au MAH.
Le directeur Marc Olivier Wahler a mis en place un cycle de cartes blanches invitant un artiste ou un commissaire d'exposition à relire le fonds encyclopédique du musée d’art et d'histoire et mettre en valeur plus d’un million d’objets de la préhistoire à nos jours en multipliant les regards et les interprétations de la collection.
Marcher sur l’eau a été la première « carte blanche », proposée par l’artiste viennoise Jakob Lena Knebl.
Cette deuxième grande exposition intitulée : Pas besoin d’un dessin au MAH est confiée à Jean-Hubert Martin, historien d’art. Le commissaire d’exposition a arpenté pendant deux ans les réserves pour en constituer une vingtaine de séquences sur des thèmes choisis. Présenter plus de 550 œuvres d’une autre manière sans avoir besoin d’un dessin. Cette suite d’analogies emmène le regardeur, le spectateur, dans des chapitres qui vont peut-être lui procurer des émotions, du plaisir, avant de lui donner une leçon d’histoire ou d’art. « Il en résulte qu’il va chercher à savoir, à apprendre, à creuser » explique Jean-Hubert Martin.
A l’entrée de chaque salle, une œuvre de Markus Raetz, décédé en 2020.
C’est un hommage du commissaire qui le considère comme un très grand artiste et le MAH possède son œuvre gravé.
Métamorphose I, œuvre de 1991, la célèbre silhouette de l’homme au chapeau qui devient un lièvre selon l’angle de vue, est visible dans la salle De l’ambigu à l’énigme.
Chaque section a son titre.
De la croix au globe. Dans la première salle du rez-de-chaussée, on trouve la déconstruction de la croix par Malevitch ou un carré dans un cercle pour la quadrature du cercle, une œuvre persane. Au sol des plaques de granit, la sculpture de Richard Long et au-dessus le choix de Sophie d’Olivier Mosset, un acrylique sur toile de 1987.
Du drapeau à la couverture. Ce sont les motifs géométriques mis à l’honneur. Au sol, l’œuvre de l’américain Carl André, artiste minimaliste, est placée à côté d’une pierre tombale, première sculpture sur laquelle on pouvait marcher. Aux murs, les étoffes du genevois John Armleder, des drapeaux suisses du XVIe siècle, le costume du ballet Rossignol de 1920 par Matisse, des tissus carmin de Noël Dolla cousus et peints en 1945 mais encore les rayures du zèbre qui trône dans cette majestueuse salle du musée. Les époques se confondent, les matières diffèrent autour du même thème géométrique.
De la naissance de la Venus à la cascade avec comme point de départ la peinture La fontaine personnifiée de Jacques-Laurent Agasse, huile sur toile de 1837.
De la gloire au vulgaire. Les peintres hollandais ont peint des scènes vulgaires comme se soulager contre un mur. Si on regarde attentivement les tableaux on y trouve de la vulgarité et de l’humour. C’est montrer cette vulgarité en opposition à la peinture italienne sérieuse et solennelle.
Tout au long de l’exposition Pas besoin d'un dessin au MAH on passe d’un état à un autre : De la bacchanale au bistrot, De l’amour à la haine, Du sein à la maternité, De l’arnaque à la décapitation, De l’ambiguité à l’énigme, Des riches et des pauvres, Du cheveu à la barbe, De l’œil au regard, etc… Dans cette déambulation au musée, il faut s‘approprier les œuvres et se créer sa propre narration. Sur 3500 m2, ce parcours puisant dans tous les domaines artistiques, l’archéologie, la numismatique, l’horlogerie, les arts appliqués, les beaux-arts, les arts graphiques, etc… révèle la richesse du patrimoine genevois de toutes les époques et de tous les styles en balayant les hiérarchies au profit du plaisir esthétique.
Profitons de ce musée, de sa vétusté chaleureuse et humaine avec cette proximité des œuvres qui n’existe plus dans les musées rénovés ou neufs. Promenons-nous dans ce musée comme on le ferait chez soi sans cordes tendues qui vous tiennent à distance des tableaux ou des lasers qui sonnent dès qu’on s’en approche.
Pratique
Musée d'Art et d'Histoire, Pas besoin d'un dessin au MAH, commissaire d'exposition Jean-Hubert Martin.
A voir jusqu’au 19 juin 2022.
https://www.artageneve.com/lieu/musees-fondations/mah-musee-dart-et-dhistoire