La montagne en perspective au MAH
| La montagne en perspective | au MAH propose un dialogue entre des œuvres iconiques et insolites autour du thème de la montagne. L’exposition rend hommage aux artistes dont les approches varient selon les personnalités et les époques, orientant sans cesse notre perception de la montagne.
| La montagne en perspective | au MAH propose un dialogue entre des œuvres iconiques et insolites autour du thème de la montagne. L'exposition inclut une cinquantaine d’œuvres, la mise en place propose une sélection de peintures, d’œuvres d’art graphique, de sculptures, de photographies, de vidéos et de mobilier. La majeure partie de ces œuvres est issue de la collection habituellement non exposée dans les présentations permanentes du MAH, permettant ainsi au public de les découvrir.
Le thème de la Montagne, central dans l’exposition, est historiquement très apprécié en Suisse et à Genève. Il est abordé dans | La montagne en perspective | de façon singulière, en proposant un ensemble d’images des Alpes sous différents angles de vue, souvent surprenants. Ainsi, les artistes réunis sont plusieurs grands peintres de paysage, connus et locaux, tels que A. Calame, B. Menn, A. Baud-Bovy ou F. Hodler, des dessinateurs illustres qui ont accompagné les dangereuses expéditions sur les hauts sommets comme M.-T. Bourrit et P.-G. Martel et des artistes contemporains qui ont exploré divers modes de représentation, tels que M. Raetz, B. Burkhard et L. Bonvin.
Le concept de l’exposition se centre donc sur le thème de la montagne et sa représentation, délaissant toute approche chronologique. | La montagne en perspective | regroupe les œuvres en fonction des points de vue depuis lesquels les peintres contemplent la montagne, en interrogent le caractère sauvage ou domestiqué ou appréhendent sa découverte scientifique ainsi que sa nature indestructible, particulièrement dans le contexte actuel de débat climatique.
Dès les premières expéditions d’alpinisme dans les Alpes au XVIIIes., la montagne devient un sujet d’étude et un sujet pictural à part entière. A mesure de la découverte de cet environnement, les représentations ont changé et les points de vue, tout comme les perspectives, ont évolué. Arpentée dans tous les sens, d’abord perçue et représentée comme éternelle, imposante, immuable, immense, voir effrayante, la montagne devient petit à petit objet d’étude scientifique, un lieu d’exploration, jusqu’à apparaître de nos jours come fragile et menacée.
Le parcours de | La montagne en perspective | commence par une brève introduction visuelle, où le visiteur découvre quelques (auto)portraits d’artistes dont les œuvres sont présentées plus loin, ainsi que quelques photographies d’artistes en pleine peinture, telles qu’A. Gos ou A. Baud-Bovy peignant les cimes en pleine montagne.
L’exposition se divise ensuite en cinq sections, chacune regroupant les œuvres représentant la montagne sous la même perspective.
Le visiteur débute ainsi son voyage vers la montagne par une vision « De loin. Vers les sommets. ». D’abord vue et perçue depuis la plaine, la montagne apparaît grandiose, mystérieuse, sauvage et attirante, un peu effrayante voire infranchissable. Ses cimes inspirent notamment F. Hodler ou S. Guerzoni, qui la représentent de façon monumentale, accentuant cette impression par le choix de tons pastel très contrastés. Un peu de la même façon, A. Calame dessine et peint certes la montagne comme il la voit dans ses carnets, avant de l’embellir dans ses peintures, la peignant ainsi comme ses clients (dont Napoleon III) désirent la voir, majestueuse et belle.
Dans cette première section, on découvre également une œuvre contemporaine de H. Suter, qui utilise du matériel d’alpinistes pour nous faire percevoir une montagne majestueuse derrière un verre opaque et corrodé.
L’approche continue par la section « De près. Abîmes, torrents et prairies. ». Le visiteur découvre ici des œuvres dans lesquelles le regard des artistes, s’étant approché de la montagne, plonge dans les vallées, explore la matière minérale, découvre un torrent, observe les glaciers. Aux pieds des montagnes se jouent aussi diverses scènes humaines : on aperçoit des prairies où paissent les bêtes, des montagnards occupés à faucher à flanc de montagne apparaissent dans les œuvres, présentant une sorte de montagne domestiquée.
Les nombreuses expéditions scientifiques commencées au milieu du XVIIe s. ont petit à petit rendu accessibles les sommets et ont présenté aux artistes-alpinistes de nouvelles perspectives. Ainsi, curieux de nature et accompagnant souvent les hommes de sciences dans leurs explorations, ils découvrent les Alpes depuis des points de vue encore jamais atteints par l’Homme. Dans cette section, la montagne est vue d’en haut, suivant une double volonté, artistique et scientifique.
« De dessus. Art et Science. » présente ainsi une sélection de vues à vol d’oiseau, de cartographies, ainsi qu’un meuble ancien avec un plan en relief de N. Céard, ingénieur en chef du département du Léman depuis 1798 et mandaté par Napoléon pour tracer la route qui deviendra la route du Simplon.
La pièce maîtresse de cette section dévoile quant à elle les montagnes comme elles n’avaient jamais été représentées : il s’agit d’une sorte de fish-eyede l’époque, une vue circulaire des sommets autour du Mont Buet, imaginée par M.-T. Bourrit et le scientifique H. B. de Saussure en 1776. Cette œuvre étrange sera à l’origine des nombreux panoramas de montagne, peintures ou photographies, réalisés durant tout le XIXes.
Sous les pieds du visiteur, gardant cette même perspective du dessus, une photographie noir-blanc monumentale de L. Piaget-Dubuis plonge le spectateur dans une déroutante crevasse du glacier d’Aletsch.
La visite se poursuit dans la section « De tous les côtés. Le Mont Blanc. ». Alors qu’il n’a jamais été gravit et est alors décrit comme le « Mont Maudit », nom évoquant un territoire inconnu, sauvage et inquiétant, voire peuplé de créatures monstrueuses, le Mont Blanc devient à son tour sujet artistique positif après sa première ascension et deux représentations désormais iconiques de cette montagne.
Représenté et nommé le « Mont Blanc » pour la première fois par le géomètre genevois P.-G. Martel dans une gravure qu’il en fait, il est ensuite peint de façon particulière par P.-L. De la Rive depuis la vallée de Sallanches. En l’illuminant de façon singulière, l’artiste dégage toute la majesté et la beauté de la montagne, lui supprimant toute connotation négative. Ce tableau changera radicalement l’appréciation des gens de la plaine. Cette vue s’ancrera dans l’imaginaire genevois et international. Le Mont Blanc sera par la suite peint sous toutes les coutures, notamment par et grâce aux nombreuses expéditions, britanniques entre autres, qui arpentent ses arrêtes et en donnent une image variée.
Pour terminer, le visiteur est invité à découvrir la montagne sous une perspective très contemporaine « De dessous », depuis les entrailles de la montagne, avec l’œuvre vidéo de l’artiste L. Bonvin. L’artiste a pris une série de clichés qu’elle met en film, sur une bande son de fonte de glace, mettant en exergue la fonte des glaciers et la fragilité de la montagne au XXIe s. Saisissante, l’œuvre aide le visiteur à réaliser à quelle vitesse la montagne se dégrade et les glaciers fondent.
Lors de ce parcours, artistique, visuel, poétique et sonore (le MAH a également créé une playlist sur soundcloud pour accompagner la visite), le visiteur embarque pour un véritable voyage à la montagne, sous toutes ses perspectives. A travers des représentations de diverses époques, sur des mediums totalement différents, on ne comprend qu’encore mieux l’importance de la montagne dans nos écosystèmes et sociétés, et ressort totalement convaincu qu’il est de notre devoir de tout entreprendre pour sauvegarder ces espaces alpins qui fascinent, nourrissent et inspirent l’humanité depuis la nuit des temps.
https://www.artageneve.com/lieu/musees-fondations/mah-musee-dart-et-dhis...
Pratique :
| La Montagne en Perspective | Exposition de peintures et photographies.
A découvrir jusqu’au 12 février 2023 au MAH, à Genève.
Rue Charles-Galland 2, CH-1206 Genève.
Téléphone +41 22 41826 00 – Mardi au dimanche, de 11h à 18h. Jeudi, de 12 à 21h.
crédits photographies :
©_MAH_Genève_photographe_Bettina_Jacot-Descombes
©_MAH_Genève_photographe_André_Longchamp
©_MAH_Genève_photographe_Flora_Bevilacqua