Jean-Baptiste Huynh ou l’art de révéler
Jean-Baptiste Huynh à la Galerie Patrick Gutknecht, Genève et au Musée Guimet, Paris
Jean-Baptiste Huynh est exposé simultanément à Genève, à la Galerie Patrick Gutknecht avec une sélection de 22 tirages et à Paris au Musée Guimet avec une rétrospective de ses photographies réalisées en Asie.
Le photographe donne à voir avec force et frontalité des visages, des corps isolés, une nature épurée. C’est en somme l’instant au plus profond de lui-même qui est capté. Le geste y est sincère et intense. La photographie est pleine de grâce. Une dimension de l’ordre du cosmos est donnée, comme un instant parfait, on pourrait parler de coup de foudre photographique.
La forme est introspective et esthétique. On décèle une grande humanité, l’homme est au centre. A travers leur visage, c’est l’homme en tant qu’individu qui est représenté. Le visiteur observe droit dans les yeux, droit dans le cœur les différents modèles de l’enfance à la vieillesse, tantôt isolés, tantôt accompagnés d’une chose végétale, ou encore d’un être animal. L’absence devient alors présence.
Le photographe utilise un procédé identique pour chacune de ses œuvres, avec une seule source de lumière, toujours la même. Il demande à son sujet, repéré souvent dans un marché de venir quelques jours après dans un studio improvisé, avec les moyens qui lui sont donnés.
Jean-Baptiste Huynh a parcouru l’Asie, dans un premier temps à la recherche de ses origines, au Vietnam au milieu des années quatre-vingt-dix. Avec ces portraits, le photographe procède à un véritable recensement. Il révèle ainsi une identité contemporaine de l’Asie qu’il développe non seulement dans son pays d’origine mais aussi au Japon, en Inde, au Cambodge, en Ethiopie…
Le vide abyssal qui entoure ou plutôt dessine les contours de chaque sujet fait ressortir ce dernier et le projette dans un espace temporel qui lui appartient. Une intériorisation néanmoins éblouissante puisqu’elle est plutôt comme une invitation au plongeon.
Même lorsque Jean-Baptiste Huynh photographie une flamme chez Patrick Gutknecht, alors que l’image ne présente à priori rien de vivant, il parvient à la rendre présente, intérieure.
Notre vie n’est pas derrière nous, ni avant, ni maintenant, elle est dedans, Jacques Prévert
Ce fragment de l’œuvre de Prévert pourrait exprimer en quelques mots simples le travail photographique de l’artiste
Rien de l’ordre du passé, rien d’avant-gardiste, rien d’occurrent, juste le dedans, le contemporain touché dans son cœur, la magie de l’instant vécu ; l’homme comme il devrait être vu sans doute, sans indice social apparent.
Il choisit par la photographie de faire face à ce qui le meut et lui rend toute son âme au travers de ses œuvres.
Jean-Baptiste Huynh est né en France en 1966, de mère française et de père vietnamien. Autodidacte, il apprend les techniques photographiques, d’éclairage et de tirage. De 2006 à 2012, il réalise une étude sur la lumière à travers cinq séries rassemblées dans l’ouvrage « Lumière » qui accompagne l’exposition personnelle que le musée du Louvre lui consacre en 2012, rassemblant des images inspirées des collections du musée. Lauréat de la Villa Médicis hors les murs, Jean-Baptiste Huynh expose dans différentes galeries et musées à travers le monde.
Les thèmes récurrents de son œuvre sont le portrait, le nu, le regard, l’image de soi et la lumière.
http://www.gutknecht-gallery.com – Jean-Baptiste Huynh, photographies, Galerie Patrick Gutknecht, Genève, du 28 février au 29 juin 2019.