FIAC 2018 : Quelle présence genevoise ?
Galeries et artistes genevois au Grand Palais.
Encore peu de galeries genevoises ont participé à la FIAC cette année, trois seulement, Skopia, Mezzanin et Truth and Consequences, mais c’est déjà plus que l’an dernier où seule Mezzanin avait pris un stand et, espérons-le, moins que l’an prochain. Car la FIAC, malgré ses travers et elle en a beaucoup — monde de l’art superficiel, concentration de grandes galeries établies et peu enclines à la prise de risque (du moins à ce moment-là), stands toujours très onéreux pour les petits exposants même si des initiatives ont été prises pour les aider, et prix tout aussi délirant pour les visiteurs devant payer une entrée à 38 euros ! — elle offre néanmoins à chaque édition une vision instantanée des formes artistiques que les galeries choisissent de mettre en avant, ce qui est toujours intéressant d’aller découvrir le long des allées du Grand Palais. Il est par conséquent d’autant plus dommage de ne pas pouvoir se faire une idée, grâce à plus d’exemples, des tendances suivies par les galeries genevoises. Reste que les trois présentes ont proposé de belles choses, à commencer par l’exposition de groupe — de nombreuses galeries avaient opté pour ce choix cette année –– chez Skopia, avec à l’entrée un caisson lumineux, fond orange et écriture blanche, d’Alex Hanimann, Sans titre (Doors), 2018, donnant un aperçu du riche aspect textuel de son œuvre, auquel faisait notamment écho une grande huile sur toile d’Eric Bulatov, Et l’eau coulait, 2001, consistant en un aplat bleu-panneaux d’autoroute sur lequel se répète en russe dans une perspective fuyante le mot « voda » (eau).
Chez Mezzanin, c’est une monographie de Thomas Bayrle qui était présentée, rassemblant des œuvres de formats variés (en impression digitale et peinture acrylique) de l’artiste allemand autour de la mort, tant par l’iconographie des tableaux que par le motif de minuscules crânes utilisé comme éléments de composition moléculaire. De l’artiste, on retrouvait d’ailleurs deux pièces plus légères, des portraits de la Vache qui rit, peut-être mieux mises en valeur par la proximité de pièces d’autres artistes tels que Shimabuku ou Jef Geys, sur le stand de la galerie Air de Paris.
Quant à la galerie Truth and Consequences, dans la zone des jeunes galeries du secteur Lafayette (galeries sélectionnées et aidées financièrement pour leur participation), elle exposait des sculptures de l’artiste californienne Liz Craft, essentiellement des céramiques, ce qui rejoint le constat général de la pratique de plus en plus fréquente et de plus en plus visible de cette technique de la part d’une multiplicité d’artistes.
Outre les galeries genevoises, on a pu aussi voir ça et là des œuvres d’artistes notoires de la ville, par exemple une aquarelle récente de Fabrice Gygi dans l’exposition collective plutôt réussie de la galerie Francesca Pia, tandis qu’un « corner genevois » formé d’une peinture de John Armleder et de pièces en bronze suspendues de Mai Thu Perret occupait une partie du stand de David Kordansky, galeriste de Los Angeles. Quelques autres peintures d’Armleder étaient également accrochées dans l’espace du milanais Massimo De Carlo. Ces œuvres étaient de grandes qualités, mais rien d’étonnant à cela, émanant d’artistes depuis longtemps reconnus… En somme, la présence genevoise à la FIAC donne l’idée d’un certain dynamisme du milieu artistique genevois mais qui pourrait être accru tout d’abord par la participation d’un plus grand nombre de galeries ainsi que par la présentation d’artistes moins connus et de démarches plus proches des sources de la création.
photo : Vanessa Morisset