Silvana Moi Virchaux ©L'Art A Genève

Silvana Moï Virchaux

by L'Art A Genève
11 juin 2024

Silvana Moï Virchaux. Médiatrice interculturelle, Directrice artistique de la Galerie TCARMINE, Co-directrice de GenevAfrica, Présidente Fondatrice de l'association Laboratorio Arts Contemporains, basée en Suisse, au Bénin et en Haïti.

Votre rôle dans le monde artistique ?

 En tant que médiatrice interculturelle, je crée des passerelles entre l'Afrique, les Caraïbes et l'Europe. Je promeus les échanges culturels et facilite la compréhension mutuelle à travers diverses formes d'art. Mes initiatives incluent des résidences et des événements artistiques pour soutenir les artistes émergents et favoriser les échanges interculturels. Mon objectif principal est de créer des espaces où les artistes peuvent exposer leur travail, échanger et apprendre des autres cultures, en enrichissant ainsi le paysage artistique mondial et en ouvrant de nouvelles perspectives sur les questions sociales, politiques et culturelles.

Quel a été le déclic ? 

Le déclic pour la médiation interculturelle est venu après avoir exploité la galerie No Tu No à Carouge de 1985 à 1992. Cette expérience m'a inspirée à ouvrir l'espace culturel Le Zaka à Ouagadougou, au Burkina Faso, où j'ai découvert la richesse des cultures africaines. Après dix ans au Burkina Faso, j'ai passé six ans au Mali, où j'ai dirigé "Le Bureau", un bureau d'études culturel. En 2010, j'ai fondé l'association Laboratorio Arts Contemporains, active au Bénin et en Suisse, et en 2015, nous avons ouvert une antenne en Haïti. Tous ces bureaux sont interconnectés pour permettre la circulation des artistes, des œuvres et des idées.Aujourd’hui quelle est votre motivation ? Ma motivation actuelle est de renforcer les liens culturels et de promouvoir la diversité artistique. Je souhaite que les artistes de différentes régions puissent se rencontrer, échanger et collaborer pour enrichir le paysage culturel mondial.

Votre rapport au marché de l’art ? 

Je joue le rôle de facilitatrice sur le marché de l’art, créant des opportunités pour les artistes émergents des régions sous-représentées et les connectant avec des galeries, des collectionneurs et des institutions en Europe et au-delà.Les courants artistiques qui vous touchent le plus ? Les courants artistiques qui me touchent le plus fusionnent tradition et modernité en abordant des thèmes sociaux et politiques. L’art contemporain africain, l’expressionnisme abstrait en Europe, le surréalisme caribéen, la photographie contemporaine, le Land art et l'art conceptuel sont particulièrement inspirants.

La qualité principale du collectionneur ?

La curiosité. Un bon collectionneur recherche toujours de nouvelles perspectives et de nouveaux talents, sans se limiter aux conventions établies.

La qualité que vous préférez chez un artiste ? 

La liberté, l'engagement et la force de questionnement de la société, de son environnement et du regard sur le reste du monde. Un artiste transmet sa vision unique et touche les gens de manière profonde et sincère.

Croyez-vous à la vente d’œuvres d’art en ligne ?

 Oui, cela démocratise l’accès à l’art et permet aux artistes de toucher un public plus large, au-delà des limitations géographiques.Quel est le rôle d’un musée d’art contemporain ? Un musée d’art contemporain est un lieu de dialogue, d’éducation et d’inspiration. Il doit refléter la diversité des expressions artistiques et encourager la réflexion critique sur les enjeux contemporains, tout en jouant un rôle actif dans la promotion de la diversité et de l'inclusion.

Que pensez-vous de la prolifération des foires d’art contemporain ? 

La prolifération des foires d’art contemporain est positive car elle offre plus de plateformes pour les artistes et les galeries. Cependant, elles doivent rester accessibles et inclusives, et continuer à promouvoir l'échange culturel.

Quelle est la tendance aujourd’hui sur le marché de l’art ? 

La tendance actuelle est à l’internationalisation et à la diversité. Il y a une reconnaissance croissante des artistes provenant de régions autrefois marginalisées, enrichissant le dialogue artistique mondial.

L’œuvre d’art est-elle un objet sacré ?

Cela dépend de la définition du sacré. Une œuvre d’art peut transformer, émouvoir et susciter la réflexion, mais dans certains mouvements comme le Land art et l'art conceptuel, elle est perçue davantage comme un vecteur de message ou de réflexion.

Quel est votre dernier coup de cœur ?

La dernière exposition d'El Anatsui au musée d'art contemporain Tate Modern en 2024. Son utilisation de matériaux recyclés pour créer des œuvres monumentales qui interrogent l'histoire, la culture et l'identité est profondément inspirante

Quelle est pour vous la ville la plus artistique ?

 Pour moi, Lagos, au Nigeria, est la ville la plus artistique avec sa scène artistique vibrante et en constante évolution. Lagos est un véritable foyer de créativité où des artistes de tous horizons se rencontrent, collaborent et innovent.

Que seriez-vous sans l’Art ?

 Sans l’art, je serais une personne moins connectée au monde. L’art m'a aidée à comprendre et à apprécier la diversité des cultures et des expériences humaines. L'absence de l'art signifierait la perte d'un langage universel, un moyen d'expression et de communication au-delà des mots. L'art est une fenêtre sur l'âme humaine, partageant des émotions et des histoires qui transcendent les barrières culturelles et linguistiques. Sans l'art, je manquerais d'un moyen vital pour explorer et exprimer ma propre identité et mes idées. L'art joue également un rôle crucial dans la construction de communautés et le renforcement des liens sociaux.