Adelina von Fürstenberg
Adelina von Fürstenberg, curatrice internationale et productrice indépendante, présidente-fondatrice de ART for The World.
Adelina von Fürstenberg, pendant vos études de Sciences Politiques à l’Université de Genève, vous avez crée le Centre d’art Contemporain de Genève en 1974 que vous avez dirigé jusqu’en 1988. Puis celui de Grenoble « Le Magasin » de 1989 à 1994, où pour votre direction de l’Ecole des Curators du Magasin vous avez reçu en 1993 un prix du Jury de la 45ème Biennale de Venise. En 1995, suite à votre commissariat de « Dialogues de Paix » pour le 50ème anniversaire de l’ONU, la fondation de l’Ong ART for The World est née sur votre initiative. A la 56ème Biennale de Venise, vous recevez le Lion d’or pour le Pavillon national d’Arménie en 2015. Un an plus tard, on vous décerne le Grand Prix suisse d’art « le Prix Meret Oppenheim », sans compter les divers prix que vous avez reçu pour les productions de vos court-métrages, ces dernières années.
Quelle est votre implication dans le monde artistique ?
Dès ma première jeunesse, j’ai eu la nécessité de nourrir ma vie avec la connaissance et la pratique de l’art et de la culture. J’ai eu de la chance, car ma créativité et mon expérience ont continué à augmenter, d’année en année, à apporter leur contribution là où c’est utile et apprécié.
Quel a été le déclic?
Le Stedelijk Museum d’Amsterdam, où j’ai fait une série de stages en parallèle de mes études de Sciences Po à l’Université de Genève, en travaillant sur les expositions et avec les artistes Claes Oldenburg, Gilbert&George et Markus Raetz. C’était les années ‘70, le début du Pop Art, de l’Art Conceptuel, de la Performance et d’un art d’avant- garde suisse très prolifique et libre... aussi la Documenta 5 à Kassel de Harold Szeemann m’a ouvert les yeux... encore je peux décrire plusieurs de ces salles. Tout ce qui se fait dans l’art contemporain aujourd’hui, était déjà là alors...
Quel est le rôle de l’art?
Pour moi l’art c’est la quintessence de la vie, c’est le 5ème élément avec l’air, l’eau, la terre et le feu.
Comment choisissez-vous les thèmes des expositions que vous proposez ?
Chacun de mes projets artistiques est un apprentissage, car chaque fois c’est une nouvelle expérience, que ce soit la fondation d’une institution d’art ou l’organisation d’une exposition, d’un colloque, d’un concert, ou la production d’un film. Je suis une éternelle apprentie. Durant la première partie de ma vie professionnelle, j’ai appris l’art par les extraordinaires personnalités avec qui j’ai eu la chance de travailler. Là, avec l’Ong ART for the World, je mets en pratique ces connaissances pour créer avec les artistes et les cinéastes du monde entier, de grandes expositions thématiques itinérantes et des productions de films sur les questions primordiales de notre temps comme l’environnement, l’eau, la nourriture, le changement climatique, mais aussi les questions du genre, les droits humains, etc..... Un peu difficile aujourd’hui de prendre au sérieux l’art pour l’art, toutefois ça arrive de plus en plus souvent que des collectionneurs et leurs conseillers transforment les artistes en décorateurs ...
Aujourd’hui quelle est votre motivation?
Continuer à apprendre.
Quelle est la mission d’une institution d’art contemporain ?
De ne pas se transformer en club privé.
Que pensez-vous de la prolifération des foires d’art contemporain ?
Les bazars et les marchés ont toujours existé depuis l’antiquité....
Un projet?
Un jour de 1996, durant la préparation d’une exposition dans une médersa à Marrakech avec des artistes visuels, des poètes et des musiciens, on m’a demandé ce que c’était pour moi de préparer un projet artistique. J’ai répondu que c’était comme un «rêve» qui durant la période de son organisation risquait d’être parfois un cauchemar, pour ensuite retourner à être un rêve, une fois inaugurée et bien accueillie. Pour cette année 2022, je suis en train de préparer deux nouveaux «rêves...»: une exposition d’art contemporain au musée de Hydra en Grèce, et une production d’une anthologie de courts-métrages fiction sur la conservation de la nature, la suite de ma production, précédant Interdependence, dans le cadre de l’engagement de ART for The World au changement climatique.
Que seriez-vous sans l’art?
«Life is more important than art, that’s what makes art important» (James Baldwin).