Bernard Moninot
La galerie andata.ritorno présente pour la douzième fois le travail de l’artiste français Bernard Moninot, du 17 octobre au 30 novembre 2024. L’exposition La voix lactée se compose de 7 ensembles d’œuvres différentes, où la science et l’art dialoguent entre silence et cosmos dans des œuvres transcendant les limites du visible.
Bernard Moninot déploie son univers subtil et poétique dans l’espace de la galerie qui l’accompagne depuis plus de trois décennies. L’exposition La Voix lactée, qui marque la septième exposition solo de l’artiste chez andata.ritorno, témoigne d’une quête artistique singulière : celle de donner forme à l’invisible, de transformer des données scientifiques ou des concepts abstraits en objets plastiques porteurs de poésie.
Le parcours débute avec un Carnet Leporello (2023). Cette pièce est issue de carnets préparatoires de l’artiste pour le projet Sculptures de silence (2015). Dans cette œuvre, Moninot empruntait à Marcel Duchamp l'idée de transcrire l'immatériel – ici le son – en formes plastiques, en explorant les sonogrammes du mot « silence ». Les illustrations du carnet, mêlant acrylique, graphite et aquarelle, dévoilent avec délicatesse son processus créatif.
La série Lumière fossile (2019) transporte le spectateur dans une autre dimension, celle de l’infini cosmique. Trois sculptures, associant cordes de piano et pentacrines – des fossiles en forme d’étoiles vieux de 200 millions d’années - matérialisent l’éclat des astres dont la lumière continue de briller bien après leur extinction. Avec ces pièces, Moninot dessine des constellations en trois dimensions, réinventant un nouveau rapport au temps et à l’espace.
Spécialement pour l’exposition, Bernard Moninot réalise sa première installation sonore, La Voix Lactée (2024). Il y associe la musique et des constellations imaginaires. Dix-sept cylindres ornés de motifs célestes sont associés à des boîtes à musique dont les mélodies sont toutes en lien avec le thème de la nuit. Cette œuvre immersive résonne délicatement dans l’espace blanc de la galerie et donne le ton du reste de la visite.
Dans La Mémoire du vent (2024), Moninot capte l’insaisissable mouvement de l’air. Cette installation, réalisée au Jardin botanique de Genève, est constituée de boîtes de Pétri noircies à la flamme. Les motifs abstraits sont gravés par des herbes agitées par le vent, laissant apparaître des traits aléatoires. L’œuvre parvient le tour de force poétique de rendre visible le souffle du vent.
La seconde salle répond à cette délicatesse naturelle avec la violence brute de Suite Ukrainienne (2023), une série de 20 dessins où des éclats de verre brisé se détachent sur un fond noir. Inspirée par le Carré noir de Malevitch et créée dans le contexte de la guerre russo-ukrainienne, cette série matérialise l’impact physique et symbolique des explosions, évoquant la fragilité des structures et des vies face à la dévastation.
Avec Prémonition de l’avalanche (2019), Moninot joue à nouveau sur les tensions entre fragilité et puissance, nature et menace. Cette série de sept dessins se compose de deux niveaux superposés : à l’arrière, une montagne peinte sur un fond bleu profond, et au premier plan, un dessin sur soie légèrement transparente. Ce dernier renvoie à une autre œuvre de l’artiste, Point de rosée, la sculpture d’un réceptacle imaginaire chargé de récolter la rosée,
La visite terminée, on s’apprête à sortir, mais il reste une dernière œuvre. Dans le sas de l’entrée, elle est si discrète qu’on ne l’avait pas remarquée. L’exposition s’achève dans un espace inaccessible, visible uniquement à travers un judas - une référence assumée à Étant donnés de Duchamp. Un crâne, réalisé avec la même technique que les sculptures de Lumière fossile, apparaît, convoquant la tradition des vanités tout en rappelant la fragilité de l’existence. Cette confrontation directe avec la mort, après un voyage au travers du cosmos et du silence, laisse une empreinte durable sur le spectateur.
L’exposition est à découvrir jusqu’au 30 novembre 2024.