Art\Genève 2025 - 13ème édition
Pour cette 13ème édition de Art\Genève, 80 galeries internationales - dont 16 galeries ayant pignon sur rue à Genève - exposent à Palexpo du 30 janvier au 2 février 2025. Au rendez-vous de ce début d’année pour la saison des foires, une quinzaine de galeries parisiennes de renommée, trois bruxelloises, Bernier/Eliades d’Athènes, quelques galeries italiennes et londoniennes. Hors Europe, les galeries Rosenberg & Co et Van de Weghe de New York, Tang Contemporary Art de Hong Kong, la galerie coréenne Lee & Bae, Dvir Gallery de Tel-Aviv et Ayyam Gallery venu de Dubaï.
Art\Genève Salon d'Art 2025 – 13e édition
Pour cette 13ème édition de Art\Genève, 80 galeries internationales - dont 16 galeries ayant pignon sur rue à Genève - exposent à Palexpo du 30 janvier au 2 février 2025. Au rendez-vous de ce début d’année pour la saison des foires, une quinzaine de galeries parisiennes de renommée, trois bruxelloises, Bernier/Eliades d’Athènes, quelques galeries italiennes et londoniennes. Hors Europe, les galeries Rosenberg & Co. et Van de Weghe de New York, Tang Contemporary Art de Hong Kong, la galerie coréenne Lee & Bae, Dvir Gallery de Tel-Aviv et Ayyam Gallery venu de Dubaï.
Une trentaine de solo shows sont présentés par les galeries. Le prix Solo Art Genève - F.P. Journe sélectionnera un lauréat, dont l’œuvre sera offerte à une institution genevoise.
Le prix Mobilière décernera son prix à un jeune talent suisse. Le stand présente donc les nominés de cette année.
Des institutions, des écoles d’art et des collections privées, des éditeurs et des fondations font également partie de l'événement, au total 21 participants. On peut également découvrir un espace dédié aux œuvres sonores, performatives et éphémères ainsi qu’un espace Art Talks qui propose des conférences.
Sur-mesure présente une sélection d’œuvres vidéos choisie par le commissaire d’exposition Nicolas Trembley sur le thème de la nourriture dans un programme nommé FOOD, d’après l'œuvre éponyme de Gordon Matta Clark. Sur 600m2, six vidéos sont projetées en boucle sur six grands murs, formant comme l’alvéole d’un nid d’abeilles qui symboliserait l’équilibre et la force dans un monde idéal. La sculpture géante en bronze d’une louche et d’une cuillère de David Nash est posée dans un angle et vient compléter l’installation. Les réflexions des artistes sur la culture de consommation et les inégalités sociales, le rapport entre la nourriture et le corps de Paul McCarthy, les recettes et la graisse ou encore le restaurant cofondé par Gordon Matta-Clark en 1971 à New York sont à voir à l’entrée du Salon d’art de Palexpo.
Ouvrant le bal, juste à côté de l’entrée, la galerie Tornabuoni Arte spécialisée dans l’art italien de l’après-guerre présente dans son magnifique stand des œuvres d’artistes historiques, tels que Lucio Fontana, Emilio Vedova, Alberto Biasi, Alighiero Boetti, Giorgio Morandi, Giorgio de Chirico, etc.
Du côté des galeries, incontournable, Bailly Gallery expose une prestigieuse sélection de maîtres modernes. Parmi les œuvres remarquables, on trouve des céramiques de Picasso, des peintures de Francis Picabia ou Jean Dubuffet, ainsi qu’un étonnant tapis signé Fernand Léger, qui orne le stand, côtoyant harmonieusement des oeuvres plus récentes comme une grande toile d’Yves Clerc ou une composition colorée de Sam Francis. Une puissante abstraction de Serge Poliakoff mérite aussi le coup d'œil.
Sur l’élégant stand de Catherine Duret, on retrouve également beaucoup de grands noms de l’art moderne. Parmi les œuvres phares, une toile dense et poétique de Teresa Pagowska, aux côtés de pièces de Max Ernst, Irma Blank, Not Vital ou encore Takis, entre autres. Un superbe Louis Soutter ne manquera pas d’attirer l’œil des collectionneurs avertis. À noter, la galerie affiche directement les prix sur les cartels, une rareté à Art\Genève.
À ne pas manquer, le stand de Ditesheim & Maffei Fine Art, où trônent un splendide Rolf Iseli et un Zoran Mušič datant des dernières années de la vie de l'artiste. Juste à côté, une série de délicates œuvres sur papier de Julius Bissier, où la peinture à la tempera se métamorphose presque en aquarelle, offre l’occasion de (re)découvrir ce peintre.
Chez Fabienne Levy, une photographie d’Andrea Galvani retient l’attention. Elle est tirée d’une œuvre complexe réalisée entre 2016 et 2019 et mêlant installation et performances site-specific. Le projet The End interroge la course du soleil autour de la Terre. À travers des photographies prises le jour de l’anniversaire de Galilée, l’artiste a capturé simultanément les différentes étapes d’un lever de soleil à divers endroits du globe, actualisant ainsi la preuve de l’héliocentrisme.
La Galerie Mezzanin met particulièrement à l’honneur Isabella Ducrot, née en 1931 à Naples, dont les œuvres textiles dialoguent avec une tradition artisanale réinventée. Son travail joue sur le motif du vase et du bouquet, un hommage intime à son mari qui lui offrait souvent des fleurs. L’artiste de 93 ans intègre également des tissus de sa collection personnelle, ramenés de ses nombreux voyages, conférant à ses œuvres une matérialité singulière.
Chez Livie Gallery, focus sur Esther Mathis, dont les œuvres iridescentes jouent avec la lumière et la mémoire. Inspirée par les fenêtres de son passé – celles de son studio ou de sa maison –, l’artiste capture des fragments d’intimité à travers des compositions aux reflets changeants. Née à Winterthur en 1985, Mathis élabore comme une alchimiste des atmosphères ayant marqué des moments précis de sa vie. Sur le stand, les Shifting Structures, des sculptures modulaires en aluminium de dimensions variées, évoquent des grilles géométriques inspirées des fenêtres industrielles. Leur surface, à la fois réfléchissante et déformante, interagit avec l’espace environnant.
Le stand de Sébastien Bertrand impressionne avec un spectaculaire grand format de Todd Bienvenu. L’artiste américain y reconstitue un peu à la manière d’un patchwork la vue de son atelier dans un vaste collage de papiers peints à l’acrylique, puis découpés, déchirés et assemblés pour composer une image vibrante et colorée. À ses côtés, une version à l’huile du même point de vue dévoile une autre facette de la pratique créative de Bienvenu.
Chez Skopia / P.-H. Jaccaud, l’attention se porte sur la très jeune artiste suisse Leanne Picthall, originaire de la région de Nyon. À seulement 25 ans, le travail pictural de la Vaudoise, basé sur des clichés qu’elle prend le plus souvent elle-même, séduit par ses cadrages singuliers et sa technique surprenante, où la peinture à l’huile devient presque transparente. Saisissant des instants d’ambivalence émotionnelle, ses œuvres documentent son quotidien avec une poésie subtile, immortalisant des fragments de vie, ses proches, son chien ou encore son lien intime avec la nature. À découvrir également sur le stand du galeriste genevois, un beau Franz Gertsch ainsi que des œuvres de Franz Erhard Walther.
Chez Wilde, deux toiles éclatantes d’Omar Ba, réalisées avec la minutie propre à l’artiste, captivent le regard. Il s’agit d’illustrations accompagnant le conte africain Kaïdara, écrit par Amadou Hampâté Bâ (1902) dans l’ancien Soudan français, l’actuel Mali et édité par Diane de Selliers. Ce long poème allégorique en vers libre, illustré pour l'occasion par l’artiste sénégalais, fait le récit du voyage de trois hommes sur le chemin de la connaissance de soi et du monde. La galerie Wilde met aussi en avant le travail de Mathieu Dafflon, qui explore la superposition de traînées de couleurs brutes sur des fonds en noir et blanc, créant une tension entre abstraction et figuration. Alliant monumentalité et souci du détail, l'œuvre de Dafflon révèle sa fascination pour la peinture dans sa matérialité profonde. Sur le stand, on peut par ailleurs admirer une grande photographie de Marina Abramovic, des œuvres de Mounir Fatmi, Cornelia Parker, Alexandre Joly ou encore Adel Abdessemed.
Le stand de Xippas séduit par la présence de délicates œuvres de Marie-José Burki et d’une création d’Olaf Holzapfel, Linde Tilleul, où la paille devient motif et matière à part entière. L’approche singulière des matériaux de cet artiste s’inscrit dans sa recherche autour de l’organique et des ressources naturelles.
Enfin, le Centre d’Art Contemporain Genève célèbre ses 50 ans en dévoilant les coulisses de ses expositions à travers l’objectif de Franz Egon von Fürstenberg. La rétrospective Andy Warhol à Genève revisite des moments phares de l’institution, offrant une plongée dans l’univers d’artistes majeurs tels que Andy Warhol donc, mais aussi Marina Abramovic & Ulay, Marisa Merz, John Cage, et bien d’autres. Le statut d’insider du photographe - il était l’époux d’Adelina von Fürstenberg, créatrice du CAC - lui offrit un accès privilégié à des moments généralement méconnus du public, celui de travail en train de se faire mais aussi des relations interpersonnelles nouées durant les partenariats entre artistes et institutions. À ne pas manquer.
Sur le stand de la galerie In Situ - fabienne leclerc, Renaud Auguste-Dormeuil intervient à l’encre de chine sur une tapisserie du XVIIème siècle en réhaussant le paysage de petits points dorés. « C’est une façon de désactiver un objet et de le réactiver autrement. Les politiques inventent des fantasmes et les artistes réinjectent du réel dans les fantasmes des politiques », dit l’artiste. Toujours sur le stand In Situ, l’artiste argentine Marina De Caro réinvente l’espace avec d’immenses papiers de couleurs relevant à la fois de la sculpture et de la peinture, mobiles suspendus dans un instant poétique et presque déconcertant. Le dessin est pour l’artiste pluridisciplinaire l’étape initiale et fondamentale à tous ses projets. Sur les murs, quelques techniques mixtes sur papier encadrées, formes baroques aux titres évoquant son univers, là où le corps a toute son importance : Chorégraphies chromatiques, Histoires passionnantes ou encore Vos os sont aussi poreux que votre expression.
A la galerie Mennour, les sculptures de l’artiste suisse Ugo Rondinone dialoguent avec l’œuvre de Matthew Lutz-Kinoy. Le disque réfléchissant incurvé de l’artiste indien Anish Kapoor renvoie au spectateur une image déformée de lui-même et de son environnement. Alicja Kwade dans son œuvre Causal Emergence crée un immense paysage où une foule de petites formes en laiton nickelé galvanisé traversent le carton immaculé. Dans la deuxième partie du stand, une très belle aquarelle de Lee Ufan et un brocart de soie du XVIIIème siècle brodé de fleurs et cousu par l’artiste brésilien, également prêtre franciscain Sidival Fila, installé à Rome dans un monastère. D’autres très belles œuvres sont à admirer sur le stand de la galerie parisienne.
La galerie berlinoise Contemporary Fine Arts, également établie à Bâle, présente des pièces de Georg Baselitz et Sarah Lucas. La plasticienne britannique, rattachée aux Young British Artists, remet en cause l’image de la femme aux formes harmonieuses et dénonce le sexisme d’une telle représentastion. Bunnie, la poupée grandeur nature réalisée à partir de collants bourrés de papier journal, a les seins qui pendent sur un corps sans tête juché sur des chaussures à semelles compensées et se contorsionne sur une chaise. La sculpture emblématique et historique que présente la galerie CFA témoigne de son importance. La Tate Britain a organisé en 2023 une rétrospective majeure de Sarah Lucas.
Simon Studer Art, marchand d’art installé aux Ports-Francs de Genève, privilégie toujours la qualité pour ses collectionneurs. Des œuvres de Victor Vasarely, Antonio Saura, Joan Miró, Kenneth Noland, Prune Nourry, Christian Gonzenbach, Maria-Carmen Perlingeiro et une flamboyante pièce de Franz Erhard Walther sont présentées sur le stand.
Chez Olivier Varenne, John Armleder côtoie Christo et Jeanne Claude, une machine de Tinguely et un autoportrait de Man Ray.
Plus loin, Lovay Fine Art fait aussi la part belle à John Armleder avec des œuvres plus anciennes, des boîtes en bois contenant divers objets, datés 1967-1975, intitulées Quelques objets volants. Balthazar Lovay présente également des artistes femmes : Michèle Graf & Selina Grüter, l’artiste italienne de 92 ans Lucia di Luciano, l’artiste féministe américaine Suzanne Santoro, Gretta Sarfaty ou encore Marie Gyger, jeune artiste suisse.
La galerie parisienne Dutko du quai Voltaire, créée en 1969, s’inscrit dans une histoire familiale de galeristes. Le solo show de Jean-Pierre Pincemin est magnifique. Quatre œuvres d’importance historique et rares de cet artiste né en 1944 et décédé il y a tout juste vingt ans sont suspendues. Une composition géométrique sur toile libre mesurant 279 x 371 cm de 1973, découpée, teintée puis réassemblée, occupe le mur du fond. Sur les murs latéraux, deux huiles sur toile abstraites et une xylogravure sur papier rehaussé à l’encre délimitent l’espace.
La galerie Loevenbruck revient à Art\Genève après 4 ans d’absence avec des œuvres monumentales de Michel Parmentier (1938-2000), co-fondateur du groupe BMPT avec Daniel Buren, Olivier Mosset et Niele Toroni. Conceptuel radical, son travail répétitif de technique de pliage est marqué par l’objectivité et le refus des compromis formels et idéologiques. Ici, une toile couverte de bandes laquées horizontales noires et blanches, parfaitement régulières de 38 cm. L’artiste a décliné ces bandes monumentales dans quatre couleurs : bleu, gris, rouge dans les années 60, puis le noir dans les années 80. La Fondation Pinault en possède d’ailleurs une de chaque. Ces pièces sont rares, l’artiste n’ayant réalisé que 150 œuvres durant l’ensemble de sa carrière. La galerie Loevenbruck avait racheté le fonds Parmentier à la galerie Liliane et Michel Durand-Dessert qui a fermé ses portes il y a plus de 20 ans, fin 2003. Michel Parmentier s’impose comme un artiste à découvrir pour ceux qui ne le connaissent pas encore. Sur le stand également, un magnifique Steven Parrino et quelques sculptures et éditions d’objets.
La Galerie Christophe Gaillard propose un focus sur le breton Pierre Tal Coat (1905-1985), figure majeure de la peinture française de la seconde moitié du XXème siècle, avec des pièces inédites, fraîchement sorties de la collection des héritiers de l’artiste. Le peintre à l’abondante production a essentiellement représenté les éléments, la terre, l’eau, l’air, variant les techniques et les supports. La Galerie Gaillard présente également quatre petites œuvres de l’artiste américain Richard Nonas (1936-2021) dont on a souvent vu le travail au MAMCO et une très belle photographie de Deborah Turbeville.
Le designer Philippe Cramer séduit avec de nouveaux objets en marbre édités en 2025, ainsi que des tableaux en pin maritime laqué, pièces uniques formant une série intitulée La Maîtrise de l’aléatoire par la symétrie et autres astuces anxiolytiques : Dual Inheritence Theory.
À ne pas manquer encore : la Fondation Gandur pour l’Art avec son exposition Dessiner la modernité, œuvres sur papier qui met en lumière l’abstraction poétique de Léon Tutundjan, la belle scénographie de l’espace occupé par la Cranford Collection de Londres, les tableaux de Félix Vallotton sur le stand du Kunst Museum Winterthur, le MAMCO avec son programme d'acquisition d’œuvres pendant la foire, le Musée d’Art et d’Histoire, le Musée des Beaux-Arts du Locle, la salle obscure du Plaza Centre Cinema, la Fondation Opale, le FMAC, la Fondation Teo Jakob, les Editions Take5.
Pour cette 13ème édition, la jeune directrice Charlotte Diwan réussit son objectif et consolide le positionnement d’Art\Genève au rang de foire internationale. Le public navigue dans un salon d’art chic aux larges allées, proposant un contenu de qualité, plutôt coloré et joyeux pour cette année 2025. On y sent la volonté des exposants de donner le meilleur à voir et de défier ainsi tous les enjeux politiques et économiques qui pourraient venir assombrir notre quotidien. Ce salon offre une parenthèse stimulante d’art et de rencontres intéressantes, salutaire en ce terne mois de janvier. Art\Genève répond bien aux attentes des collectionneurs et des amateurs d’art. C’est jusqu’à dimanche 18 heures !
Pratique :
Art\Genève a lieu du 30 janvier au 2 février 2025 à Palexpo, Genève.
Horaires d’ouverture :
Jeudi : 12h - 19h
Vendredi et samedi : 12h - 20h
Dimanche : 12h - 18h