Andreï Kuzkin

Le Temps de la guerre, par Andreï Kuzkin, curation Zalina Dzhioeva

Andreï Kuzkin est un artiste (né en 1979 à Moscou) reconnu à travers ses expériences performatives et l’usage de multiples mediums – sculptures et installations en particulier - où le corps est fortement impliqué, dans un ballet fragile qui danse la vie et la mort, et, ainsi qu’il le dit lui-même « Transmet ses sentiments et ses pensées au regardeur ». S’inscrivant dans la lignée d’Ilya Kabakov et Andrey Monastyrski, mais aussi de Joseph Beuys et Anselm Kiefer, il nous livre aujourd’hui à Genève une « exposition performance » au protocole rigoureux, rendue possible grâce à l’engagement de la curatrice Zalina Dzhioeva, installée à Genève, et qui, à l’instar de la minorité agissante des intellectuels russes, prend fermement position contre les violences mégalomaniaques en Ukraine, ainsi que les répressions exercées, tant dans d’autres pays indépendants que dans son propre pays.

Il a d’abord fallu que l’artiste s’exile à Paris. Puis qu’il trouve un nouveau mode artistique, une manière « de réécriture de l’Histoire », puisqu’il se trouvait dans un désaccord total avec la guerre menée par la Russie en Ukraine. « Cette phrase banale » nous explique-t-il « – Je veux que la guerre s'arrête – me tourne dans la tête du matin au soir, et je prends une feuille de papier et je me mets à l'écrire et à la reproduire encore et encore ». C’est ainsi que pendant une dizaine de jours, pendant les heures d’ouverture de la galerie, l’artiste sera attablé et écrira au stylo à bille ce mantra en plusieurs langues et au minimum, en russe, en ukrainien, et en anglais. C’est ainsi qu’au fur et à mesure, les murs et même la vitrine, seront de plus en plus remplis de ces « dessins » qui seront produits sur place ou issus d’une précédente performance. Car il s’agit là d’un travail « in progress », qui a commencé ailleurs et se finira dans un autre espace, une œuvre totale, engagée, incroyablement courageuse témoignant de la puissance symbolique certes peu efficace sur le front, mais qui, nous l’espérons contribuera à désenclaver la pensée de certains. Le collectionneur qui sera intéressé pourra d’ailleurs acquérir la totalité de l’œuvre, soit des centaines ou des milliers de feuilles remplies, envahies même, par cette écriture fébrile et généreuse, puisque le travail ne cessera que le jour où la guerre aura bien pris fin.

L’artiste et la curatrice nous proposent également quelques pièces, vidéos, sculptures en mie de pain, etc., témoignant de la diversité du travail, mais en rapport avec cette évocation fragile de l’humanité lorsqu’elle tente de s’affranchir du joug d’un pouvoir mortifère. Alors, soyons présents et accompagnons Andreï Kuzkin et écrivons avec lui :

Je veux que la guerre s’arrête !

 

Pratique :

du 12 au 22 juillet 2023 sous la curation de Zalina Dzhioeva

Art Now Projects – 60 rue Ancienne – 1227 Carouge

https://www.artageneve.com/lieu/galeries/art-now-projects